Line Clément pratique alternativement ou simultanément installation, peinture, gravure, photographie, action, art postal, sculpture… car le médium est au service de ce qu’elle veut accomplir dans un lieu particulier ou pour une circonstance spécifique.

Vit et travaille à Lyon


« Corps colorés, pesanteur, verticalité instant chair, verticalité vivante, chair longtemps, chair, volé, instant fantasque, à peine… »
: Quelques uns des titres et sous-titres donnés par Line Clément aux peintures de cette série noire, appelée aussi « instants de vivants » ; une série au format identique où le noir domine, servant de fond pour isoler, au centre d’un rectangle de lumière opalescente une forme parfois dédoublée, rouge, qui déploie ses mutations en autant d’éclats que de toiles, en autant d’instants. Des images surgissent, violentes comme le contraste des couleurs ou le dégoût de l’informité, fascinantes, comme devant le détail grossi dix mille fois d’un virus mortel ou le cliché d’une amibe, fugitives aussi images d’un souvenir d’enfant : l’œil, plongé la première fois dans le corps d’un microscope, écarquillé, impatient, aveugle d’abord puis ébloui par l’objet si commun et pourtant jamais vu. Car c’est aussi cette mise en scène qui est montré ici – pour ménager la surprise, le noir tout autour et l’éclairage braqué sur le vif du sujet -, mise en scène de l’imagerie scientifique (la recherche, le doute, la découverte), mais pervertie, car, au fur et à mesure que s’aligne les figures, le sujet échappe. S’agit-il de planches d’une flore barbare ou d’une anatomie secrète ? Un foie d’antilope, un morceau d’écorce, la molécule du tanin d’acacia, un instant, une tache de peinture, un instant fantasque…

On raconte que Francis Bacon se serait décidé à peindre après avoir acheté sur les quais de la Seine un ouvrage de médecine illustré traitant des maladies de peau.
On connaît certains chirurgiens écrivant l’érosion des pierres du désert, disséquant le silence « entre peau et lumière », occupé à la chimie des vents, à la chimie des rêves.

« De plus près » est le titre d’une gravure de Line Clément, datée de 1973, des traits entrelacés dans une composition complexe, abstraite au premier abord et qui, en vérité, abrite une quantité de personnages, un monde organisé, minuscule et vivant. « De plus près » : Le mot d’ordre pourrait s’appliquer à la recherche de Line Clément – la curiosité qui la pousse vers les sciences -, mais aussi, peut-être au spectateur idéal de la série noire, l’enfant au microscope.

Série noire – Instants de vivant.
Texte de Laurent Mariot

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